Williams, Arizona, doit son nom à Old Bill Williams, né William Sherley Williams (1787-1849), trappeur, guide et mountain man. J'emploie volontairement le terme anglo-saxon mountain man, plutôt que le français montagnard, qui évoque plus un berger sur l'alpage ou un moniteur de ski qu'un type qui gagne sa vie à patauger dans l'eau jusqu'à mi-cuisses pour poser des pièges à castor. En français (et plus des trois quarts d'entre eux étaient d'origine française, on disait d'ailleurs voyageur, ou engagé, suivant leur statut social.
En plus de la ville, Williams a donné son nom à une rivière et une montagne, ce qui montre la considération dans laquelle le tiennent les habitants de l'Arizona. D'ailleurs la ville lui a élevé une statue, justement face à une station-service. Le sculpteur l'a représenté portant la barbe, mais l'aquarelliste Alfred Jacob Miller, qui l'a dessiné de visu en 1837, le montre glabre, quoique mal rasé. Les mountain men, d'ailleurs, portaient très rarement la barbe, en partie pour éviter les poux. Et surtout parce qu'elle n'était pas du tout à la mode dans la première moitié du XIXème siècle. Et ils avaient beau passer une bonne partie de leur temps dans les montagnes ou en famille chez les indiens (glabres eux aussi), ce n'est pas pour autant que ces types là ignoraient les modes.
Quand à la station service auprès de sa statue, une Conoco, difficile de voir si elle a remplacé depuis la seconde station photographiée par Ruscha à Williams, une Mobilgas, ou si c'en est encore une autre. Auquel cas on pourra dire que Williams est une ville où on a vraiment le choix, pour faire le plein.
Tout ceci nous éloigne bien de Ray Banana et de la philosophie, dira-t-on.
Pas du tout, et voici pourquoi: quand passa la mode des chapeaux en poil de castor...(A suivre)
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