Nous nous voyons chacun comme vivant dans une carapace, à l'intérieur de laquelle il y aurait nous-même, et à l'extérieur le reste du monde.
Ce qu'il y a, abrité dans cette carapace, ce ne sont en réalité que cinq de nos sens, par l'intermédiaire desquels nous le percevons, comme par le périscope d'un sous-marin. Mais cela n'implique pas que nous soyons plus à l'intérieur qu'à l'extérieur, ni que l'impression que nous avons d'être une personne corresponde plus à une réalité qu'à une illusion.
Dans ce sens, le rêve est peut-être une description plus vraie de ce qui se passe. Dans le rêve, le dedans et le dehors sont confondus. Nous vivons une aventure dans notre propre esprit, où nous sommes à la fois l'acteur qui y joue notre rôle et le monde qui l'entoure. L'acteur croit qu'il vit l'aventure de l'intérieur de sa propre carapace, mais nous savons que c'est une illusion. La seule carapace qui existe est celle du dormeur. L'acteur existe à l'intérieur, et il en est de même pour le monde où il est plongé, sans qu'il puisse s'en dire différent, débarrassé de l'illusion d'être une personne.
Quelque part dans ce texte, Ray a essayé de placer le mot "truchement", comme il en avait envie depuis longtemps, mais ce fut sans succès, le sens étant ici inapproprié (NdT).